Ojo de Dios (Œil de Dieu) – Tsikuri

     Appelé Tsikuri dans la langue Wixarika, l’Ojo de Dios ou Œil de Dieu en français sont encore peu connus chez nous mais il a une symbolique profonde très importante pour la communauté Wixarika.

     Selon la légende, c’est à travers lui que Tamatzi Kauyumari ou Vendado azul (cerf bleu) l’un des dieux wixarika façonneur du monde, voit et comprend les mystères de l’univers. Il y a vu également tout ce qui existe au dessus et au dessous de la Terre. Le Tsikuri est donc un élément permettant la connexion entre le monde des humains et celui des dieux.

        Mais la symbolique ne s’arrête pas là, ce losange fait d’une croix de bois et généralement tissé de laine, est une représentation de la conception du monde des wixaritari (pluriel du nom wixarika). Chaque coin du losange correspond à un des points cardiaux (nord, sud, est, ouest) et son centre, le centre de l’univers, le point de départ de tout. A chacun de ses points, correspond un lieu physique sacré où vivent un ou plusieurs dieux:

• Le nord (Hauxamanaka) se situe dans le cerro Gordo, montagne de l’état de Durango.
• L’ouest (Haramaratsie) est à San Blas, ville de l’état de Nayarit.
• L’est (Wirikuta) est dans le désert de Real de Catorce dans l’état de San Luis Potosi.
• Le sud (Xapawiyemeta) est sur l’île aux scorpions (« Isla de los aracranes ») située dans le lac de Chapala dans l’état de Jalisco
• Le centre (Te’akata) se situe dans la Sierra Madre Occidental, chaîne de montagnes s’étendant sur les états de Jalisco, Nayarit et Zacatecas, dans un lieu appelé « Sierra Huichola », nommé ainsi en hommage aux Wixaritari.

        Des temples y ont été érigés dans chacun de ces lieux et les wixaritari s’y rendent lors de leurs cérémonies pour y faire des offrandes.

        Les couleurs ont également leurs symboliques. Pour n’en citer que quelques unes et surtout faire un parallèle avec notre culture, le noir représente la vie et le blanc est relié à la mort.

     Utilisation physique de l’Ojo de Dios : à la venue au monde d’un enfant, généralement le père de famille tisse un Tsikuri pour le nouveau né. A chaque année de vie et ce jusqu’aux cinq ans de l’enfant un nouvel Ojo de Dios est tissé jusqu’à l’obtention d’un Tsikuri complet de quatre branches et cinq losanges. Chaque année, ils sont amenés, avec leurs Ojo de Dios, à la fête du tambour (« Fiesta del tambor »), fête wixarika réalisée pour remercier les dieux de leurs protections et de leurs bonnes récoltes. Pendant celle-ci, une journée est consacrée aux enfants, durant laquelle ils sont baptisés par le chaman et présentés aux dieux. Ils commencent ainsi la vie cérémonielle du peuple wixarika. Les Tsikuri sont souvent placés au dessus des enfants pour qu’ils bénéficient d’une protection individuelle. Ce pèlerinage est normalement réalisé entre le moment de la naissance et les cinq ans de l’enfant. Néanmoins, avec le nombre grandissant de wixaritari vivant dans les villes, ils leur est difficile de réaliser ces pèlerinages tous les ans. Il n’est pas rare aujourd’hui que des wixaritari finissent leurs Tsikuri vers quinze ou seize ans.         

        Les Tsikuri sont donc des symboles de pouvoir et de protection.